2 – Raider et s’entraider

Image de raid Pokémon

Une fois votre terrain choisi et délimité, il vous faut définir votre méthode d’enquête. Je vous recommande personnellement l’observation participante. J’ai moi-même choisi cette méthode et vous conseille de faire de même. Opter pour l’observation participante, c’est prendre le parti de l’immersion dans le monde vaste et plein de surprises de l’enquête. Mais chasser tout seul  serait vite lassant et un dresseur n’a de but que s’il rencontre d’autres dresseurs avec qui se mesurer.

L’observation participante implique de jouer avec d’autres personnes. Si faire le choix de son premier Pokemon est primordial, choisir son équipe revêt aussi une importance capitale ! Vous serez rapidement abordés par l’un des trois chefs d’équipe, chacun représenté par une couleur : jaune, rouge et bleu.

C’est au côté d’une de ces équipes que vous devrez combattre. Vous aurez donc à bien choisir votre couleur en fonction de vos préférences ou de celles choisies par vos amis.

Il est également nécessaire de jouer régulièrement et de s’intégrer à la communauté pour le bien de votre enquête. Les interactions sociales s’en trouveront renforcées, ainsi que votre nombre de partenaires de chasse ! En développant l’observation participante, les autres joueurs ne verront pas en vous un enquêteur extérieur venu les analyser. Ils ne seront pas que des données brutes destinées à votre sociodex. Les conversations seront naturelles, les échanges détendus, car vous ferez partie des leurs, vous serez un dresseur ! Ce parti-pris est une bonne chose pour tout le monde : vous vous amuserez en jouant, vous ferez de nouvelles connaissances, et vous en apprendrez plus pour votre enquête puisque vos collègues dresseurs vous font confiance. Vous perdez la hiérarchisation critiquée par beaucoup dans l’enquête sociologique.

Le jeu est construit de telle sorte que la sociabilité est indispensable à son expérience complète. Par exemple, pour les Raids légendaires, il est nécessaire de faire partie d’un groupe Facebook pour y participer. Ces groupes Facebook sont primordiaux pour votre aventure. Il vous faudra développer le sens de la communauté et de l’entraide. Vous ne progresserez jamais autant qu’avec les précieux conseils de vos camarades. Venir à bout d’un Pokémon surpuissant est impossible sans des attaques multiples et coordonnées ! Tout comme votre enquête sera réussie si vous prenez en compte votre activité de dresseur, les nombreuses conversations et défis des autres dresseurs. Un socio-dresseur se doit également de développer son pragmatisme. Rejoindre un groupe Facebook, c’est aussi faire le choix d’une zone géographique à explorer, celle près de chez vous par exemple. Une fois ceci fait, les dresseurs expérimentés et fins connaisseurs de zone vous en apprendront beaucoup ! L’expérience que vous vous apprêtez à commencer est extrêmement riche. Ce serait dommage de passer à côté en observant tout ça du coin de la rue non ?

En vous intégrant à la communauté, vous allez tisser des liens, peut-être même que des dresseurs deviendront vos amis. Preuve de leur confiance, les plus assidus d’entre eux pourront vous envoyer un cadeau par jour ! À vous d’en faire bon usage, mais aussi de leur rendre la pareille. S’intégrer à la communauté c’est écouter les conseils, accepter les cadeaux, mais aussi aider vos homologues ! Ils auront besoin de vous lors d’évènements importants comme les raids ou l’assaut d’une arène rivale.

Si l’observation participante est importante de par les échanges qu’elle induit, ces échanges se doivent d’être répétés et pluriels pour valider la pertinence de votre travail ethnographique en tant que socio-dresseur. C’est ce que nous allons voir ensemble dans le prochain module. Il s’agira d’analyser la répétition des échanges en tant que qualité prépondérante pour votre travail. Tout comme un bon dresseur a besoin de temps pour faire évoluer son magicarpe…

Des notions intéressantes à mobiliser sont le play et le game proposées par mon homologue Mathieu Triclot. En effet, il définit le game comme les règles du jeu établies par son concepteur et le play comme les pratiques qui en découlent. Dans notre cas, il est passionnant de voir comme il est important de bien connaître et suivre les règles du play, au moins au début pour rencontrer des joueurs et se familiariser au jeu ; puis d’en voir découler le play, les pratiques non prévues qui sont réalisées par les joueurs. On peut notamment penser aux nombreuses sociabilités et réseaux, ou encore, à l’échange d’images et la culture partagée.