Etudes de cas

Passons maintenant à nos analyses !

Les techniques de présentation et de représentation de chaque utilisateur nous ont passionnées et nous avons obtenu des résultats !

On a remarqué que les utilisateurs des applications BDSM ont en moyenne moins de photos de leur visage par soucis d’anonymat sur ces sites. Ils ont la possibilité d’en charger quelques unes dans un album privé. Les visiteurs de leur profil doivent demander l’autorisation pour y accéder et cela rajoute de l’excitation dans les rapports. En effet, les techniques de dévoilement ou non des corps permettent d’accentuer l’excitation.

Pour ceux qui mettent des photos privées, elles sont assez variées : visage, art, sexe… En revanche il n’y a quasiment pas de pubis dans les photos de profil des membres. Les 3 applications l’interdisent. Seule une photo de pénis a été recensée par nos soins mais sûrement juste avant sa suppression. Les applications sont très strictes sur les questions de pornographie ce qui nous a surpris dans le monde du « kink ».  Toutes ces photos constituent des représentations personnelles où le plaisir et la séduction reignent.

Selon Erving Goffman, les individus adaptent leur comportement à chaque situation et à l’attitude qu’on attend d’eux. En effet, dans son ouvrage La mise en scène de la vie quotidienne, il applique la métaphore du théâtre aux interactions sociales même les plus infimes pour comprendre les mécanismes de domination. Chaque personne porterait un masque et endosserait un rôle différent en fonction de ses interlocuteurs.

Sur les applications BDSM chacun se met en scène pour dégager l’image qu’il souhaite. C’est particulièrement vrai pour les applications de rencontre et BDSM. Même si les utilisateurs dévoilent moins leur visage, ils tentent de montrer par la photo choisie s’ils sont dominants ou fétichistes des pieds par exemple. La présentation de soi est souvent réduite au rôle attendu dans la relation car l’objectif principal est la rencontre ou l’échange en ligne. Séduire avec un corps conforme aux standards de beauté n’est pas l’objectif principal contrairement aux plateformes de rencontre classiques.

Dans leur description, les utilisateurs font le plus souvent part de leur rôle, d’expériences qu’ils auraient envie de tester/réaliser, de la raison de leur présence ici… Les utilisateurs se rencontrent à priori sur des critères plus objectifs, le sorte de « kink », que la simple affinité.

Dans ces applications, chacun essaye de maximiser ses chances de ‘trouver un partenaire de jeu’ et donc essaye d’avoir un comportement approprié à l’échange. Comme les présentations, les échanges peuvent être analysées avec les théories d’Erving Goffman sur le monde social.
Les premiers messages sont presque toujours caractérisés par l’expression d’un rôle “salut je suis dominant” par exemple et/ou une question sur la raison de l’interlocuteur sur l’application “qu’est-ce que tu cherches?”. Il y a une sorte de ritualisation dans la façon de se présenter de l’utilisateur qui se définit déjà par son rôle de dominant/dominé/fétichiste. Les relations sont toujours très polies et respectueuses.

Plutôt que de revêtir un masque de “séducteur”, ou de “personne cool” comme sur Tinder ou OkCupid, l’utilisateur d’applications BDSM se définit d’abord par son rôle et montre un respect particulier pour son potentiel futur “partenaire de jeu”. Comme dans les pratiques BDSM où les partenaires définissent ensemble de nombreuses règles dont un safe word. Ce safe word est un mot qui, d’un commun accord, a été fixé par les parties d’une relation fétichiste pour indiquer que l’acte doit se terminer. Ainsi, un des traits marquant de ces applis c’est que ses utilisateurs se constituent en tant que vrai communauté en mettant un point d’honneur à respecter l’intégrité de tous dans les rapports.

La stigmatisation des pratiques BDSM impacte les interactions de chacun sur la plateforme. Les utilisateurs accentuent l’esprit de communauté et la bienveillance à travers un dispositif de forum dans lequel chacun peut se renseigner sur ses pratiques. Les webmasters des trois applications ont, ainsi, bien réfléchi au design de la plateforme pour allier invitation au plaisir et sentiment de sécurité sans stigmatisation.