Lisa Bouteldja a créé une communauté par son compte Instagram, de personnes qui se reconnaissent dans ses propos, et qui décident elles-mêmes de s’approprier le terme de beurette et de se revendiquer comme tel.
Lisa Bouteldja reçoit plusieurs commentaires sur son compte, environ une trentaine par publication, et ce sont des commentaires positifs, des
compliments, ou juste des emojis, comme des coeurs, des fleurs, des flammes, ou un drapeau algérien. Il y a une véritable interaction avec sa communauté, elle répond beaucoup aux commentaires, et appelle les personnes qui la suivent « ma soeur » Depuis peu, Lisa Bouteldja est visible en dehors de son compte Instagram, et a été « propulsé sur le devant de la scène » avec notamment les vidéos faites sur elle sur AJ+ Français vu dans le module précédent ainsi que sur Brut . Ce sont des vidéos dans lesquelles elle explique sa performance à des personnes en dehors de sa communauté, un public plus large.
PETITE VIDEO BRUT
Plusieurs articles et interviews ont été faites dans la presse, elle garde toujours son personnage quand elle répond aux questions, explique ce qu’elle fait avec humour, et en gardant le même langage que sur Instagram.
Elle a aussi participé à des conférences et des débats, comme le débat sur le thème « Que signifie le mot beurette ? Comment se le réappropier ? » organisé par le collectif lyonnais « Des-racinées », un collectif antiraciste politique, queer et féministe décolonial, ou encore la conférence organisée par le collectif féministe club89 sur « les codes du porno repris dans la
mode ». Cela permet de faire passer ses revendications en dehors de l’espace virtuel, et ça peut lui donner une légitimité, elle n’est plus seulement perçue comme un personnage mais comme quelqu’un qui a un savoir à transmettre.
Depuis les diffusions des vidéos Brut et AJ+, Lisa Bouteldja s’est fait connaître sur les réseaux sociaux, et est donc touchée par des commentaires négatifs à son sujet. Sa performance suscite des débats, des moqueries et des insultes.
Elle reçoit notamment beaucoup de commentaires négatifs de personnes issues de la communauté maghrébine, qui disent qu’elle fait honte, qu’elle rabaisse l’image de la femme, on voit bien ici que même si ses revendications peuvent toucher quelques personnes, qui la soutiennent, et que sa parole est légitimée par les médias et par sa présence lors de débats, son propos reste encore en majorité incompris et méprisé. Lisa Bouteldja a donc affaire récemment à des « haters » qui prennent peu à peu une place
dans sa performance, elle a publié une story dans laquelle elle leur répond, toujours sur le ton de l’humour.
Le compte Instagram de Lisa Bouteldja permet de questionner la place de l’identité sur les réseaux sociaux, et comment une performance se construit et évolue, au fur et à mesure de sa médiatisation. Même si nous avons pu voir ensemble que Lisa Bouteldja a réussi à construire un phénomène virtuel, avec de nombreuses personnes qui la soutiennent, sa parole reste minoritaire, et ne sort que très peu des réseaux sociaux.