Introduction au Cyberféminisme

Le féminisme est une forme de lutte politique contre les oppressions patriarcales dans tous les domaines (économique, politique, social, intime, etc.). Les mouvements féministes ont particulièrement évolué au cours du XXème siècle et différents courants se distinguent aujourd’hui dans le monde, n’envisageant pas les questions de genre et les possibilités d’action de la même manière. Plus récemment, avec l’arrivée du numérique et la hausse et la diversification des usages d’internet, un nouveau terrain de lutte est apparu pour le féminisme. Internet a offert de nouvelles possibilités d’action et d’organisation que les groupes féministes se sont rapidement appropriés, conduisant à l’émergence de ce que l’on appelle le cyber-féminisme.

 

Une enquête réalisée sur le compte Instagram @tasjoui, géré par Dora Moutot, nous a révélé que l’utilisation des plateformes numériques pouvaient avoir pour conséquence une dépolitisation de la pensée féministe, avec notamment une réappropriation de la parole des femmes, l’absence de prise en compte de l’intersectionnalité et l’individualisation d’une lutte collective. Revenons donc sur les fondamentaux : qu’est-ce qu’un féminisme intersectionnel ? Comment apparait ce que nous appelons le cyber-féminisme et qu’est-ce qui le caractérise ?

 

Ce que nous vous proposons ici, c’est de revenir sur les bases du cyber-féminisme et d’étudier quelques exemples d’initiatives se réclamant du féminisme utilisant des plateformes ou outils numériques. Nous cherchons à mieux comprendre ce que permet le numérique et ses usages en termes de lutte et quels obstacles ou problèmes ils peuvent également poser au militantisme. Nous avons sélectionné cinq cas de cyber-féminisme à vous présenter pour mieux appréhender le sujet et les enjeux qu’il soulève :

 

  • La chaine YouTube « Marinette – Femmes et féminismes »
  • Le compte Instagram « Tasjoui »
  • Le compte Instagram « feminist »
  • La chaîne de podcast « Quoi de meuf » sur Nouvelles Ecoutes
  • Le site web « Les Glorieuses ».

 

DÉFINITIONS

 

Commençons par un travail de définition pour poser les bases nécessaires à la compréhension des enjeux et des problématiques liés au féminisme sous l’ère du numérique.

 

1) Féminisme intersectionnel.

 

L’intersectionnalité dans les études féministes est une notion utilisée pour aborder la question des oppressions, c’est une perspective qui prend en compte la possibilité pour des individus d’être confrontés à plusieurs oppressions à la fois. Par exemple, une approche féministe intersectionnelle permet de considérer qu’on peut être victime de sexisme et également de racisme, d’homophobie, de classisme, de transphobie etc. L’approche intersectionnelle donne notamment de la visibilité aux femmes minoritaires au sein même des mouvements féministes et de tenir compte des différents rapports de domination et de pouvoir qui peuvent s’exercer sur elles. L’intersectionnalité du mouvement féministe vient de l’émergence des mouvements afroféministes aux Etats-Unis à al fin du XXe siècle avant d’être théorisée par Kimberlé Crenshaw (universitaire afro-américaine) dans les années 1990, débouchant sur le mouvement du Black Feminism. L’intersectionnalité apparait comme un angle de réflexion nécessaire au développement d’une pensée féministe réellement politique, inclusive et émancipatrice en ce qu’elle permet la prise en compte d’une multiplicité de relations de pouvoir et d’oppressions, et ainsi le développement de stratégies politiques et de lutte adaptées.

 

2) Définition et présentation cyber-féminisme.

 

Le cyber-féminisme désigne l’activisme féministe à travers l’utilisation des outils numériques et d’Internet.  En 2012, Joanne Lablonde propose une définition du cyber-féminisme comme « une pratique activiste, liée à l’idéologie d’ouverture propre au réseau, visant le partage de connaissances autant techniques que théoriques de même que l’accessibilité des outils de création et de diffusion pour les femmes et groupes de femmes ».

On peut reprendre cette définition point par point pour bien comprendre de quoi il s’agit. D’abord on parle d’un activisme, c’est-à-dire d’une forme de lutte politique et revendicatrice, ici, le féminisme. Cet activisme est directement lié aux moyens et outils offerts par le réseau et l’accès au numérique avec les nouveaux modes de communication, d’organisation et de partage de connaissances et d’informations qu’il procure. Finalement le cyber-féminisme se caractérise par une nouvelle forme de lutte à partir de nouveaux moyens de création et d’expression (vidéos, photos, podcast etc.), de transmission et d’organisation (newsletters, groupes Facebook etc.). L’un des éléments centraux à retenir est que le cyber-féminisme est le fruit d’une construction réciproque entre le numérique et l’idéologie féministe. Les rhétoriques et les stratégies de luttes féministes ont utilisé les nouveaux outils mis à disposition par Internet et les réseaux numériques pour s’adapter à ce nouvel environnement, en même temps que de nouvelles techniques et de nouveaux activismes et modes de communication sont apparus à partir de ces outils.

 

Analyse critique

Ici, nous vous proposons une évaluation de ces différentes démarches féministes, nous les critiquerons de manière à voir quelles sont les contraintes et avantages que présentent chacune de ces interfaces numériques pour ces types de luttes féministes.

 

Compte Instagram @Tasjoui :

 

Ce compte fait une utilisation assez innovante et singulière de l’outil numérique que constitue Instagram, en se réappropriant les fonctionnalités de l’application. Par exemple l’outil story ; initialement créé comme un format court et éphémère, Dora Moutot l’utilise comme succession de courtes séquences vidéo qui constituent au final une longue vidéo. Elle a d’ailleurs figé deux d’entre elles en stories permanentes, pour introduire son compte. Cela permet de comprendre de prime abord sa démarche. On est renseigné.e.s sur l’identité de celle qui gère le compte, ça permet de cerner ses motivations et de savoir dès le départ si elles nous intéressent ou pas. De plus, si l’on veut témoigner on sait à qui l’on fait notre témoignage. Initialement, Instagram est une application qui permet de publier des photos de soi. Sur @Tasjoui, c’est le screenshot de contenus textuels et le repost qui priment. Les screenshots de témoignages offrent un accès rapide et simple à des témoignages, ils redonnent de l’importance au format texte, généralement chassé des réseaux sociaux avec un nombre de signes très limité. Dora Moutot détourne une contrainte, et permet l’accès à des récits de vie, elle permet une expression textuelle sur un réseau qui n’est normalement pas destiné à cette fonction.

 

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Pour les contenus imagés externes republiés, eux permettent d’illustrer une thématique qu’elle va venir détailler dans la description de son post. Il y a donc un éveil de la curiosité par l’image puis un texte pour initier le lecteur à des thématiques multiples.

 

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Les mèmes, eux, sont un contenu humoristique qui vient alléger le compte. Les outils iconographiques ont donc une place importante sur @Tasjoui. Dora Moutot utilise aussi beaucoup les émoticônes pour présenter et commenter les publications. Ainsi, ces outils très visuels permettent de saisir rapidement les thématiques qui vont être abordées dans le témoignage. Mais ils indiquent aussi le point de vue de l’auteure du compte, ils viennent donc peut-être influencer la lectrice. Cependant, on peut dire que les sujets sont très peu approfondis. On assiste finalement à des discours peu politisés et peu argumentés voire à une dépolitisation du sujet.

 

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On peut aussi relever qu’il y a une sorte de dimension perverse, car on regarde les témoignages, et parfois les malheurs des autres dans un contexte de divertissement. On va sur les réseaux sociaux pour passer le temps, pour se distraire. Cet espace est un lieu de divertissement et de libération des femmes, il vient soulager les 330K personnes qui le fréquentent quotidiennement. Il est une forme de militantisme déconnecté de la réalité, de la communauté, mais qui reconnecte les femmes à leurs propres problèmes.

 

Compte Instagram @Feminist :

 

Ce compte est un espace mixte qui sensibilise toute personne au féminisme. Le compte insiste sur cette mixité et sur le fait que le féminisme ce n’est pas détester les hommes. Il offre la possibilité à toute personne, homme, femme, personne non binaire de s’intéresser à la cause. Il propose un contenu très patchwork avec une esthétique visuelle travaillée qui unit toutes les publications.

 

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D’ailleurs le nom très général du compte permet de découvrir le compte facilement et de pouvoir couvrir une grande panoplie de thèmes. Le compte s’ouvre en effet à d’autres sujets comme l’environnement. Avec une grande variété de sujets et de nature des postes, allant de la photo, au screen d’un tweet, jusqu’à l’illustration; il permet à une certaine variété d’utilisateur.rice.s de s’y intéresser, de celleux qui préfèrent les posts humoristiques à celleux qui préfèrent les contenus artistiques par exemple. Les utilisateur.rice.s peuvent piocher et sélectionner les publications auxquelles iels s’identifient, auxquels iels sont plus sensibles. Cela permet donc un renfort identitaire, un renfort d’une opinion pré-existante. Mais aussi, en se baladant sur le compte, il peut permettre la découverte de nouvelles notions de la lutte féministes, de comptes numériques, de mouvements, de productions féministes qui existent. Il sensibilise tout en étant dans un contexte léger. Ce compte s’ancre dans la pop culture et réutilise des images qui circulent beaucoup sur les réseaux sociaux. C’est un espace où les personnes sensibles à ces contenus et au féminisme peuvent rire, dédramatiser ou reprendre le pouvoir sur leur conditions en méprisant le patriarcat notamment. Il montre aussi des modèles de corps féminins différents des égéries de beauté. Il montre la diversité des corps féminins et permet aux femmes de s’identifier et de s’inspirer en voyant d’autres femmes s’aimer, et aimer leurs corps. Ce compte est sans doute moins sectaire et peut-être plus ouvert et plus large, le féminisme ici se rapproche de l’humanisme.

 

L’OUTIL INSTAGRAM :

Le réseau Instagram ne semble pas favoriser la création de collectif et de véritable communauté, de part son interface et son fonctionnement, avant-tout individualiste, centré sur l’image. Contrairement à d’autres réseaux sociaux tels que facebook, dont la conception est beaucoup plus axée sur la mise en relation des individus et justement la dimension collective. L’outil numérique Instagram ne permet pas la mise en place d’une véritable lutte politique et la réelle transmission d’un message politisé. Cependant ces comptes Instagram qui partagent une idéologie permettent à l’individu de se positionner sur un sujet, de venir valider ou abjurer une idée, mais aussi de se divertir et de dédramatiser.

 

Chaîne youtube “Marinette – Femmes et féminisme” :

 

Cette chaîne avec ses sept formats différents de vidéo : l’édito, le débat, le focus, le podcast, le docu, le décryptage et la culture permet aux internautes de choisir quels formats iels souhaitent consommer. On peut préférer le format vidéo documentaire, ou bien édito avec Marinette qui s’adresse directement à la caméra en parlant d’anecdotes personnelles. Dans chaque vidéo elle approfondit un thème. Ce qui permet d’avoir un apport intellectuel plutôt global sur thème du quotidien, une vulgarisation. En donnant son propre point de vue dans ses éditos, elle invite la personne qui regarde à construire le sien plus ou moins en opposition ou en accord avec Marinette. C’est avant tout de l’information. L’utilisation de sa chaîne se fait un peu comme un blog, car elle ne poste pas régulièrement, il y a peu de vidéos. Donc on y va, on regarde parmis la vingtaine de vidéos lesquelles nous intéressent et on met play.

 

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C’est comme dans un journal dans lequel on choisirait les articles que l’on veut lire. On peut vraiment cibler les sujets auxquels nous sommes sensibles. On retrouve aussi sur sa chaîne une dimension supra frontalière car certaines de ses vidéos ont des sous titres en anglais. Elle cherche à toucher des personnes de différentes langues, à avoir un public large. Car finalement les thèmes qu’elle aborde concernent tout le monde. Le format vidéo-informative peut venir substituer la télévision, il permet de réellement créer une capsule temporelle avec les spectateur.rice.s qui captent en même temps un propos, une ambiance, une personne, un lieu. Il permet de capter l’aspect visuel et auditif, ce qui offre une immersion plus grande dans les idées présentées. La plateforme Youtube rend possible, avec l’espace commentaire, une certaine interaction avec les abonné.e.s et les spectateur.rice.s ; iels peuvent venir compléter, contredire, confirmer ce qui est dit. Il y a donc un espace pour réagir à la vidéo, cet espace permet de rééquilibrer, contrebalancer le discours tenu.

 

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Chaîne de podcast “Quoi de Meuf ?” du site “Nouvelles écoutes” :

 

Ces podcasts se constituent de discussions entre deux jeunes femmes. Ce format permet à l’auditeur.rice de rentrer dans une certaine intimité, on a l’impression d’être dans une discussion entre amies. Le fait de reconstituer ce format de la vie courante, donne l’impression à l’auditeur.rice de faire partie de la discussion et permet de s’ancrer facilement dans le sujet de la discussion. Cette chaîne de podcast entreprend une démarche intersectionnelle et intergénérationnelle. Les sujets qu’elles abordent peuvent intéresser et toucher une grande mixité de personnes ; queer, bi, hommes cis, femmes lesbiennes racisées, tout le monde peut s’y retrouver. Le podcast traite aussi des sujets d’actualités de la pop culture, avec une lecture féministe en temps réel des thèmes d’actualités, sous différents prismes.

 

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Les auditeur.rice.s peuvent donc rapidement s’emparer des évènements et faits divers et se forger une opinion grâce aux arguments avancés par les animatrices. En mettant en lien des thèmes de débats et questionnements actuels avec des films, des chansons, des personnalités il permet aussi de faire connaître et découvrir des objets artistiques. De plus, elles traitent des concepts tout en faisant une remise en perspective du féminisme. L’information transmise est recontextualisée et permet à l’auditeur.rice une plus grande compréhension des sujets traités. On a l’habitude d’écouter des formats audios dans nos trajets, en faisant d’autre choses en même temps. En ne nécessitant que le sens de l’écoute, le podcast permet à l’auditeur.rice d’être multifonctionnel. Par exemple, on peu en apprendre plus sur le thème de la PMA tout en faisant son ménage. Les podcasts faisant une quinzaine de minutes permettent à l’auditeur de choisir le lieu de son écoute, dans les transports, chez soi, dans une salle d’attente… Cette durée offre une certaine malléabilité et liberté à l’auditeur. Par contre, les podcasts d’une quarantaine de minutes sont peut-être moins accessibles, car il faut être “disponible” auditivement pendant quarante minutes et avoir une activité qui occupe le reste de nos sens durant la même durée. En effet, l’écoute du podcast nécessite d’être couplée à une autre activité entreprise par le reste du corps.

 

Le site web “Les Glorieuses” :

 

Le but de cette plateforme est de rassembler et d’informer, elle cherche à construire une vrai sororité. Le site est innovant dans ses méthodes de diffusion. Chaque mois, les personnes abonnées à la newsletter reçoivent dans leurs boîtes mails un article sur une revendication féministe. Les Glorieuses sont aussi actives sur Whatsapp. Elles optent donc pour différents procédés, différentes plateformes qui leur permettent de toucher un plus grand nombre de personnes, de générations. Cependant la démarche des newsletters n’est peut-être pas intéressante pour toutes les abonnées car nous savons tou.te.s que les boîtes mails peuvent être des niches à informations futiles ou promotionnelles, les articles des Glorieuses peuvent s’y perdre. Le format Whatsapp, par contre, peut être plus adapté aux jeunes générations utilisant les réseaux sociaux. D’ailleurs, les Glorieuses ont fait le choix de cibler un public avec leur version pour ados féministes « Les Petites Glo », le site cible et sensibilise les plus jeunes. Avec l’option Whatsapp, l’abonné.e peut se rendre quand iel le décide sur la conversation pour s’y informer sur des sujets variés. L’application whatsapp est ici détournée, plus qu’une simple discussion, elle est utilisée par le site pour diffuser ses articles. L’abonnement payant, le « Club » permet d’adhérer davantage à cette initiative. Il offre la possibilité de sortir du virtuel pour entrer dans le réel afin de rassembler les femmes lors d’évènements organisés par le site.

Ici, c’est l’unique cas de notre étude qui est à la fois présent sur et hors espace numérique. C’est une autre façon de militer dans un cadre davantage institutionnalisé. Elles créent un véritable réseau d’action entre différentes institutions féministes. Le format site n’est sans doute le format numérique le plus valorisé par les jeunes générations. Il faut aller chercher l’information nous mêmes, elle ne vient pas à nous. Ce n’est pas comme YouTube qui répertorie des millions de chaînes et qui nous avertit lors d’une nouvelle vidéo. Il n’existe pas de grand site célèbre qui répertorie des milliers de blogs ou de sites. Ainsi, le format site web peut-être handicapant et invisibilisé par les réseaux sociaux. Cependant, avec ces différentes démarches, le féminisme vient directement aux personnes intéressées et s’adapte aux contextes connectés d’aujourd’hui. L’apport pour les abonné.e.s est donc plutôt complet, elles ont réussi à créer une communauté, une sororité, à la fois réelle et virtuelle, permettant une construction à la fois intime, personnelle et collective.

 

De manière générale :


Nous sommes à une époque où l’individualisme gagne du terrain. La construction identitaire et personnelle est de plus en plus importante pour chacun. On est dans un phénomène de construction individuelle de sa propre opinion à l’écart du groupe. Ces espaces numériques que nous avons étudiés offrent des clés de conscientisation. Les tics viennent générer de nouvelles pratiques sociales et de nouvelles formes d’engagements. Elles sont des espaces qui concrétisent, formalisent des notions idéologiques immatérielles. elles rendent matériel des notions immatérielles. Elles rendent concrètes des pensées et des luttes, en leur offrant des espaces de discussions, d’expression, de construction.

 

Les plateformes numériques

 

Dans cette partie nous analyserons les dispositifs socio-techniques qu’utilisent les cyber-féministes. Nous nous intéressons aux codes et aux modalités d’usage, aux sites, réseaux sociaux et plateformes numériques via nos cinq exemples de cyber-militantisme.

Accessibilité de l’information et de l’actualité féministe.
Quoi de meuf et Les Glorieuses.

 

Utilisé par 88 % des Français en 2019  et 4,39 milliards de personnes dans le monde, internet est devenu un haut lieu du militantisme. Le féminsme 2.0 utilise cet outil à son avantage.  Il rend accessible les revendications, les arguments, les expériences et témoignages à chacun.e et étend la lutte et la solidarité au-delà des frontières.

 

Les Podcast «  Quoi de meuf » 
Le podcast est un moyen de diffusion, qui permet d’écouter des émissions gratuitement, et dès leursparutions. Sur le site des Nouvelles Écoutes, les émissions sont consultables et téléchargeables sans identification. Sur les autres podspaces type Deezer, Souncloud, appel podcast, Sticher ou encore Castabox, il est nécessaire de s’identifier et de s’abonner au flux RSS afin de consulter et/ou de télécharger les émissions. Téléchargeables sur différents supports numériques et permettent une écoute et/ou mobile de  l’émission. De nos jour les sujets d’actualités sont traités, diffusés et commentés à chaud. Les podcasts traitent de faits d’actualités  circulent grâce à le format RSS. Enregistrer sous ce format sur les différentes applications et plateformes d’écoute, il met automatiquement en avant leurs dernières actualités des sites.

« Les Glorieuses » traitent l’actualité féministe avec la même instantanéité.  Leur site web recueille des articles présentés comme des billets sur lesquels, il est possible de cliquer afin d’en découvrir le contenu. Valorise l’abonnement à la newsletter mail et leur singulière newsletter via le réseau social What’App. 

Le site web permet aussi la monétisation d’articles en lien avec le féminisme. Et c’est après c’être abonné que l’utilisateur.ice est rédirgé.e vers une plateforme de payement en ligne.

Les cyber-féministes s’approprient aussi des éléments  de la recherche sur le web , en utilisant par exemple des hashtags pour avoir de meilleurs référencements.

 

TOUS DROITS RÉSERVÉS

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Sur ces plateformes les réfèrences évoquées sont aussi partagées avec des liens hypertextes .

 

Les Réseaux sociaux.
@Tasjoui, @Feminist et Marinette : Femme et féminismes.

 

Les Réseaux sociaux permettent aux individus, via un site ou une application, de partager différents contenus avec leurs pairs ou même avec des inconnu.e.s. Ce sont des  lieux phare des cyber-féministes en quête de popularité. YouTube, qui est d’abord un site internet dérivé en une application multimodale (consultable sur plusieurs appareils type ordinateur, smartphone, tablette) donne un accès à différents contenus vidéos. C’est le deuxième réseaux social au monde avec près de deux milliard d’actifs par mois. Instagram est une application aux utilisateurs de partager des photos et des vidéos, disponible sur smartphone et également sur PC. Mais les fonctionnalités y sont réduites, impossible par exemple de publier du contenu depuis un ordinateur. Instagram compte environ un milliard d’actifs par mois. Ces réseaux sociaux peuvent, grâce à ces plateformes et leurs différents usages, constituer un vecteur de politisation sur internet.

Dora Moutot est la créatrice du compte @Tasjoui  qui illustre l’essor de la figure de l’influenceuse digitale en matière de féminisme. Avec son exposition médiatique et presque 400 000 abonné.e.s sur le compte @Tasjoui, elle sera à plusieurs reprises interviewée et citée suite au succès fulgurant de sa page.  Elle utilise des caractéristiques de l’application tels que les contenus à la une pour faire des mises au point, des rappels mais surtout encourager certains comportements (signature de pétitions etc.). C’est le principe des influenceuses : modifier les comportements et les perceptions de leurs followers.

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L’implication des followers autour des publications participe à construire des communautés. Celles grandissent et offrent ainsi une visibilité nouvelle aux mouvements féministes. Les échanges qui mettent en lien les membres d’une communauté sont facilités par les fonctionnalités natives des réseaux sociaux. Par exemple, les espaces de commentaires à disposition des utilisateur.rice.s qui permettent de prolonger la discussion autour des sujets évoqués, de poser des questions et de donner son avis. Ou les messageries instantanées propres aux différentes applications.

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Les réseaux sociaux laissent aussi la possibilité d’échanger d’une plateforme à l’autre très facilement grâce à leurs fonctionnalité partage. Les contenus médiatiques peuvent être facilement envoyés à d’autres utilisateur.rice.s ce qui permet d’étendre l’audience à des personnes non membres de la communauté. L’utilisateur.ice  a donc la possibilité de devenir acteur.ice de sa communauté et du cyber-féminisme.

 

 

Les réseaux sociaux grâce à leurs fonctionnalités créent des espaces de discussion, d’expression mais surtout de réaction pour la communauté féministe.

Les différentes plateformes cyber-féminisme étudiées ici, utilisent l’impulsion  de la culture expressive et participante et les nouvelles technologies de communication, comme dispositif .

Cinq plateformes du féminisme 2.0 : Présentation

Nous avons parcourus un certain nombre de sites et autres lieux du féminisme 2.0, que nous allons vous présenter maintenant.

 

Chaîne YouTube “Marinette – Femmes et féminisme” :

 

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Cette chaîne youtube communique sur tous les sujets pouvant relier femmes et féminisme. Le but de la chaîne, si l’on s’en tient au titre, est d’informer les femmes sur l’intérêt d’avoir une démarche féministe, mais aussi de comprendre ce que peuvent représenter les enjeux actuels des droits des femmes. Ainsi, Marinette, auteure et personnage principale de la chaîne traite à la fois de la musculation féminine comme de l’écriture inclusive. À travers sept formats différents de vidéo : l’édito, le débat, le focus, le podcast, le docu, le décryptage, et la culture, la chaîne se donne pour objectif d’être complète et dense sur les sujets qu’elle aborde. La littérature féministe, les poils, l’IVG, le viol, la sidération psychique, autant de thèmes explorés de manière informative sans pour autant rentrer dans un format formel et journalistique. Sur la chaîne de Marinette, on trouve une vingtaine de vidéos qui approfondissent des sujets tel que le matriarcat, faisant également parti des problématiques auxquelles les femmes font face aujourd’hui. Certaines vidéos sont sous- titrées en anglais, Marinette a donc une démarche féministe qui s’ancre dans un suprafrontalier, on ne parle plus à ses paires sociales ou nationales mais bien à toutes les femmes.

 

Compte Instagram @Tasjoui :

 

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Ce compte Instagram semble être le plus suivi de notre étude, en matière de féminisme 2.0, le plus diffuséet repartagé dans les médias de masse (Quotidien, Le Petit Journal etc.), @Tasjoui est alimenté par Dora Moutot depuis plusieurs années maintenant. Au départ, ce compte avait pour but de « libérer la jouissance des femmes », et en finir avec « le monologue du clito ». En effet, Dora y poste chaque jour ou chaque semaine un témoignage anonyme d’une abonnée, sur des thèmes allant de la violence sexuelle à un comportement déplacé de la part d’un homme. Cet espace non-mixte se concentre essentiellement sur l’épanouissement sexuel de la femme et a trois modes d’action propre au féminisme virtuel : l’éducation, le partage d’expérience, et la diffusion de contenu féministes. Ce compte instagram se veut pouvoir offrir un espace de conscientisation avec la création d’une communauté de « lectrice- spectatrice ». Le tiers des post qui ne sont pas des témoignages, ne sont pas créés par Dora Moutot mais sont des extraits d’émission télé, de bandes-dessinées, de sketchs, de vidéos YouTube, d’articles. Tasjoui peut être considéré comme un annuaire de plateformes militantes féministes, que cela soit sur internet ou non. Essentiellement féminin, le public qui suit les posts utilise ce compte aussi comme divertissement, il souhaite y trouver des histoires, des malaises, mais ne cherche pas le débat ou la lutte politique.

 

Compte Instagram @Feminist :

 

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Ce deuxième compte Instagram se différencie beaucoup de Tasjoui. Épuré, dans les tons rose pâle, ce compte se revendique comme « communauté » avec « la croyance radicale que nous sommes tous égaux ». Suivi par 1,8 million de personnes, ce compte poste des illustrations, des images, GIFS, gimmicks, traitant du genre, de la sexualité et de l’éducation pour tous. En effet, on peut y trouver des posts sur la virilité « Boys will be boys is a lazy parenting strategy », le féminisme n’a pas de genre sur ce compte, on est dans un espace mixte. Le contenu appartient à la poésie, à la BD, à la littérature, aux médias, mais pas aux gérant.e.s du compte, ils utilisent l’esthétique et le visuel pour agir. Les couleurs et la façon de poster vient contrer le côté « peu sexy » du féminisme, souvent relayé par les médias grand public. De plus, le nom simple mais fort de « feminist » permet de traiter un grand nombre de thématiques. Le compte insiste sur le fait qu’être féministe ce n’est pas nécessairement détester les hommes avec des posts humoristiques mais aussi au travers de revendications vestimentaires. Les publications se servent de la pop-culture, des séries américaines connues, des images fortes que tout le monde connaît pour dénoncer un manque de respect ou au contraire soutenir une démarche féministe. Enfin, feminist élargit aussi ses publications à des causes comme celle de l’environnement, et c’est une démarche que l’on retrouve de plus en plus : les cosmétiques, les marques de fast-fashion, les produits de beauté, autant de marchandises destinées aux femmes et extrêmement polluantes.

 

Chaîne de podcast “Quoi de meuf ?” du site “Nouvelles écoutes” :

 

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Créée par deux journalistes féministes, ce podcast a pour but d’interroger la pop-culture féministe sur les questions de racisme, de sexisme et de machisme notamment. Cette plateforme est animée par les femmes, mais n’est pas destinée uniquement aux femmes. Il s’adresse à toutes les identités, à tous les genres. Chaque épisode s’intéresse à une thématique et vient la relier à un film, un texte, une chanson, une personnalité… Ce format de quarante minutes est animé par Clémentine Gallot et Mélanie Wanga et met en scène une discussion entre les deux jeunes femmes, abordant des sujets comme le men-spreading, la littérature jeunesse féministe, ou encore le fait d’être une femme noire dans la société aujourd’hui, ou de devoir transmettre à ses enfants des termes qu’on ne maîtrise pas toujours. Quoi de Meuf ? comptabilise aujourd’hui plus de 40 épisodes, ce format audio se veut intersectionnel, prisme primordial du féminisme, et intergénérationnel. Avec des sujets comme le corps, le sang, l’éducation, le body-shaming : ce podcast s’adresse à toutes les femmes. De plus, cette façon d’étudier les problématiques féministes par le biais de la pop-culture permet un élargissement et une connexion directe au monde qui entoure les femmes, ce qui rythme leur quotidien. Avec ce podcast, le féminisme n’est pas juste enseigné, il est aussi remis en perspective et contextualisé, de l’époque des sorcières à celle de la PMA.

 

Le site web “Les Glorieuses” :

 

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Liberté Égalité Sororité : voilà la nouvelle devise soutenue par le site Les Glorieuses. Ce blog regroupe à la fois un « Club », une newsletter et une boutique. Le but de cette plateforme : rassembler et informer. Le « Club » est un abonnement payant, une façon d’adhérer à la cause et de rassembler les femmes lors des évènements organ isés par le site. Cette démarche souhaite se faire rencontrer les femmes, construire une vraie sororité. Dans la veine de l’empowerment, le nom du site donne le ton à la façon dont les auteurs du site s’engagent, les femmes sont invitées à prendre leur genre comme motif de lutte. Chaque mois, les abonné.e.s à la newsletter reçoivent dans leurs boîtes mails un article féministe. Cette newsletter traite de sujets comme la politique, la maternité, la culture, le sexe. Les Glorieuses rassemble plus de 115,000 personnes et comporte une version pour ados féministes appelé « Les Petites Glo », disponible par email et WhatsApp. Rebecca Anselm, à l’origine de ce projet et docteure en économie traite des sujets pointus reliant féminisme et économie. Cette newsletter fonctionne avec des partenaires et des abonnées, on observe ici le besoin qu’a le féminisme et les femmes aujourd’hui de rassembler et de faire converger les luttes. On peut également noter que Les Glorieuses façonne leur projet par rapport à la femme émancipée, connectée, qui travaille et reste informée sur les problématiques qui la concernent.