Une stupéfaction face à l’effondrement

D’après mes observations et entretiens, la conscience de l’effondrement concerne principalement une tranche d’âge, certes large, mais débutant à partir de 27 ans environs. Chacun est persuadé que nous fonçons droit dans un mur. Or, tous ressente une frustration, une difficulté à faire prendre conscience à autrui que leur mode de vie conformiste et consumériste est un réel problème pour la planète et que nous en subiront tous les conséquences sous peu.

La collapso, c’est nous, c’est moi, mais c’est aussi toi, et vous. La collapsologie concerne tous le monde, à l’échelle planétaire. Nous sommes tous concernés par cet effondrement, qui survient déjà ici et là, mais bientôt chez nous aussi.

S’il y a bien une chose qui pourrait caractériser un collapso’ c’est bien ce sentiment de peur, d’angoisse à chaque pensée du futur. Un sentiment qu’il faut se préparer à perdre notre confort moderne. Un sentiment de solitude, le collapso’ peut être destiné à ne pas pouvoir se faire comprendre par autrui, à être ridiculiser. Au final, qui est prêt à entendre que notre futur est sombre et que nous devrions tous paniquer, se préparer à ce que notre vie soit chamboulée ?

Certains peuvent s’enfermer dans cette angoisse, ce repli sur soi, qui peut aussi causer une dépression grave.

 Ma vie actuelle a t-elle un sens ?

En 2014 apparaît le livre « Comment tout peut s’effondrer » écrit par Pablo Servigne. Cet écrit connait à ce jour un grand succès. A la fois guide de prise de conscience pour certains, poseur de mots sur des intuitions pour d’autres, il est l’un des pionnier de la notion de « collapsologie ».

A travers une compilation d’écrits scientifiques de plusieurs champs il en vient à une conclusion d’un effondrement majeur concernant tant le domaine de la finance, de l’éco-système, de la climatologie, de la population, des politiques.

Dans notre société surabondante, l’individualisme prône. C’est précisément cet individualisme qui fait qu’on ne peut pas être en harmonie avec notre environnement.

Mais qu’en sera t-il dans une société en effondrement ? Pablo Servigne appel alors à l’entraide, l’entraide pour survivre. Il appel à l’acceptation de notre situation pour que se mettent en place des actions concrètes et que chacun puisse atténuer l’effondrement à son échelle.

Pour se faire, il met en place une « Courbe de deuil », très importante pour un collapso. Cette courbe concerne chaque lecteurs en prise de conscience.

Elle illustre les étapes émotionnelles que le sujet en prise de conscience peut être amener à traverser. D’un état « naïf », notre prise de conscience peut alors nous faire plonger jusqu’à la dépression. Ensuite, en viendra le moment de l’acceptation pour que puissent se renouer du sens et une sérénité nouvelle.

Lors de mes entretiens in situ, j’ai demandé à mes interviewés de se placer sur la courbe de deuil. 3 personnes sur 4 vivent aujourd’hui dans l’acceptation car ils mettent autant d’actions concrètes en place qu’ils le peuvent dans leur vie. Or, tous jonglent parfois avec la peur ou bien la dépression.

Aussi, il apparait non seulement une angoisse pour « soi » mais aussi pour les jeunes générations actuelles et à venir. La question de la parenté est un sujet également sensible.

En effet, ces deux témoignage nous livrent l’angoisse de la question complexe : « Que dois je dire à mes enfants ? » « Comment dois je les préparer à l’effondrement ? »

A cela, lors des mes entretiens, je me suis aperçue qu’une des solutions étaient la politique (personnelle)  du ‘No Child’ c’est à dire refuser catégoriquement de mettre un enfant au monde dans cette société actuelle car son futur est voué à l’échec. Cette décision est souvent jugée contre-nature, mais avec bientôt 10 milliards d’êtres humains sur terre, il s’agit pour eux d’une solution indispensable.

Ce livre a été un réel déclencheur de la prise de conscience chez beaucoup de personnes concernées. Il leur a permit de mettre des mots sur ce que ces personnes ressentaient depuis des années sans jamais réussir à le comprendre, pensant qu’ils étaient seuls. Cette lecture leur à permit une sorte de cohésion, mais aussi une médiatisation du sujet de la catastrophe écologique.