3ème partie

Le renversement des codes qui devient une nouvelle norme
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Tatouages, piercings, cheveux colorés… Des changements corporels qui peuvent être vus comme des alternatifs aux normes en vigueur dans notre société. Mais à vouloir être “alternatives” les Suicides Girls ne créent-elles pas ainsi leur propre norme?
En effet, l’intégration dans le groupe des Suicide Girls nécessite ces modifications corporelles. Le renversement des codes sociaux ordinaires devient alors une nouvelle norme, celle propre à la communauté des SG.
Dans le cas des Suicide Girls, une communauté virtuelle est créée. Pour créer une telle communauté, il faut un intérêt commun. Ici, c’est un certain type de corps qui est considéré comme beau, opposé à la vision normative de la société. Ainsi, cela invite ceux qui aiment ce même type de corps à aimer la page et même pour certaines filles, cela incite à tenter de les rejoindre.
La norme créée comme l’intérêt commun du groupe est indispensable pour en faire parti. Elle limite le nombre de SG, délimite les frontières entre elles et les autres. Comme toute communauté, celle des SG remplit des conditions et des normes quand bien même il s’agit ici de les retourner.
Une vraie communauté est donc créée, connue pour ses propres normes. Notre corpus secondaire est composé des Suicide Girls Hopefull (celles qui attendent d’être certifiées SG) ainsi que des filles qui imitent les codes des SG. Nous avons notamment pu voir qu’il y a de nombreux hastags autour des SG (#likeasuicidegirl, #suicidegirlhopeful, #girlswithtattoo… ). Ces nombreuses reprises des codes de la communauté et de son nom montre l’influence qu’elle a, ainsi que les normes du groupe qui inspire.

Aujourd’hui, le tatouage et les piercings sont beaucoup plus démocratisés. De nombreuses personnes sont tatouées, ont des piercings ou les cheveux colorés.

 

Peut-on encore parler des Suicide Girls comme des anti-conformistes?
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Selon le magazine Slate, de 2015 : le tatouage n’est plus stigmatisé, ou du moins, il ne renvoie pas à l’image d’un criminel ou d’un bikeur comme c’était le cas avant.

Selon un sondage de l’Ifop, en 2010 :

  • 1 français sur 10 serait tatoué aujourd’hui
  • 20% des 25-34 ans sont tatoués…
  • alors que la pratique est inexistante chez les plus de 50 ans.

Ces quelques chiffres sur l’évolution des personnes qui se font tatouer nous donnent un exemple de l’évolution des normes au départ contestataires des SG, qui sont aujourd’hui davantage démocratisées.
Nous pouvons avancer comme hypothèse que le mouvement des SG a peut-être aidé à la diffusion de ces normes, à démocratiser les modifications corporelles de ce type.

 

Exclusions semblables aux normes de la société – Exemple des corps blancs et minces.

 

Quelles sont les limites de ces normes alternatives?
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D’après nos observations, nous avons pu voir une grande majorité de corps blancs et minces, tant sur notre corpus principal, les SG, que le corpus secondaire, les hopefull et imitatrices.
Nous avons compté :

  • Corpus principal: 4 filles ont la peau noire, mais toujours très clair, sur 189 posts au total. Elles sont toutes relativement minces, même si c’est un critère dur à définir, il n’y a par exemple aucune trace de cellulite, ou de vergeture, nul part.
  • Corpus secondaire: 6 filles qui ont la peau noire sur 189 posts, donc légèrement plus que dans le corpus principal. Les filles ont l’air légèrement plus ronde également, les normes ont l’air d’être un peu moins restreintes, mais elles restent cependant les mêmes et même chez les hopefull ou imitations, il n’y a que peu de place pour autre chose que des corps normés, blancs et très minces.

Tout n’est donc pas permis, tous les codes ne sont pas transgressés et pas n’importe comment. On retrouve, même chez les SG, des codes sociaux sur les corps qui ne doivent pas être transgressés. Tout comme il est possible de le voir dans les pubs, ou pour des rôles au cinéma, la majorité des femmes qui ont une visibilité sont blanches et minces. Les minorités n’ont que des rôles bien spécifiques ou sont tout simplement exclues. On pourrait aussi se poser la question des transgenres ou des handicapées par exemple, qui n’ont aucune visibilité parmi les SG…
Le mouvement des SG peut être vu comme un mouvement féministe : comme nous l’avons vu, internet aide les femmes à faire ce qu’elles veulent de leur corps, à le trouver beau et à l’aimer quel qu’il soit sans s’occuper des normes classiques défendues dans la société. Mais finalement, nous pouvons nous demander jusqu’où va ce féminisme? Les femmes sont invitées à se défaire des contraintes de la société, à être libre de leur propre corps, mais on les enferme dans de nouvelles contraintes, celles de la communauté. D’autres mouvements sont beaucoup plus ouverts sur la liberté que les femmes ont sur leur corps, valorisant tous types de corps.

 

#alternativebody  #jesuisnoireoumetisseetalors            

 

#jesuisféministe