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« les inscriptions cutanées sont des écrits pour vivre (voire survivre). Des écrits pour être. Toute production langagière n’est pas forcément prise dans un processus communicationnel et dans le dialogue ou le dialogisme. Dans sa préface à Tahiti tattoos, un ouvrage sur l’histoire des tatouages polynésiens, Michel Tournier explique que pour les Tahitiens, les tatouages sont des marques de l’existence, des signes de la vie qui s’est déroulée, assimilables à des rides ou à des cicatrices. Des cicatrices, volontaires en quelque sorte, qui disent notre histoire. C’est exactement cela. » A.M Paveau, Scirptocorpus1, tatouage et langage.
La place des femmes dans la société, en général
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Les femmes sont actuellement encore traitées comme une minorité. Alors même qu’elles sont plus nombreuses que les hommes. Elles subissent une domination de la part des hommes, que l’on put nommer le système patriarcal. Elles n’ont pas le droit de faire ce qu’elles veulent de leur corps sous peine e recevoir insultes, menaces de viols ou parfois même de meurtre.
On entend souvent dire que les femmes qui s’habillent court, en jupe, qui se maquillent etc, ont bien cherché ce qui leur arrive quand elles se font agresser. Nous pouvons prendre l’exemple de Jordan Peterson, un masculiniste ayant eu un succès fou avec son livre aux USA. Pour lui, et donc nous l’imaginons, pour beaucoup de masculinistes ,si une femme se maquille au travail, qu’elle porte du rouge à lèvre rouge par exemple, c’est uniquement pour attiser le désir sexuel des hommes.
Les femmes doivent donc en permanence faire attention à leur corps, à ne pas choquer, à ne pas être vulgaire, à plaire aux hommes mais sans être vulgaire.
Internet est au contraire un endroit où elles peuvent se réapproprier leur propre image et jouir de leur corps comme elles le veulent. Elles peuvent certes être critiqués si elles ne correspondent pas aux standards de beauté mais personne ne les empêchera d’être visible, ce sont elles qui décident de poster leur photo et elles n’ont pas besoin d’être légitimés par des journaux ou magazines pour être sur le net. Les magazines choisissent de montrer toujours les mêmes corps et les Suicide Girls dénoncent cela: elles ne veulent pas d’un modèle unique de corps « poupée barbie ». Elles prennent le risque de s’exposer au cyber-harcèlement mais au moins, on sait que d’autres types de corps existent et on les voit.
Comme nous l’avons vu dans l’introduction, le nom SuicideGirls vient de suicide social: femme tatouée, ce n’est pas bien vu dans la société. En effet, elle ne correspond plus aux normes d’une femme naturelle, douce, sans violence… Et ne correspond tout simplement pas aux critères de la société pour être intégré : discrimination à l’embauche pour les gens tatoués par exemple (bien que ça soit interdit ?) ou obligation tacite ou explicite de couvrir ses tatouages dans certaines situations importantes et officielles.
Réappropriation des codes par les SG
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Les Suicide Girls semblent aussi utiliser les tatouages et autres singularités comme les piercings ou les couleurs de cheveux qui sortent de l’ordinaire pour montrer, à la fois que leur différence peut les rendre belles, mais aussi pour monter leur appartenance à un groupe de « résistance » envers les normes de beauté. « Des cicatrices, volontaires en quelque sorte, qui disent notre histoire.». Les tatouages sont la preuve qu’elles sont différentes et n’ont pas peur de le montrer, au contraire, c’est ce qui forge leur identité. Ce sont des femmes tatouées : le tag #inkedgirl revient d’ailleurs souvent. C’est une particularité qui fait qu’elles peuvent plaire ou non (on retrouve une catégorie “tatouée” sur les sites pornographiques). A vrai dire, peu importe ce que représente leur tatouage. Leur compte instagram et leur site internet sert aussi à prouver que d’autres types de corps peuvent plaire puisqu’elles ont plus de 7 millions d’abonnés.
Elles reprennent les codes de la beauté féminine pour les renverser et en faire leur marque de fabrique, comme c’est décrit dans leur bio sur instagram « what some people think makes us strange, or weird, or fucked up, we think makes us beautiful ». Pour entrer dans les Suicide Girls il faut être particulière et ne pas rentrer dans la norme préétablie mais rentrer dans la leur: c’est-à-dire être à contre-courant des mouvements dominants globalement: être percée et/ou tatouée, avoir une coupe et/ou couleur de cheveux extravagante, poser nue et/ou en sous-vêtement.
Ces femmes forment une nouvelle norme qu’elles ont elles-mêmes construites, qui permet à des filles qui dans la vie de tous les jours peuvent être discriminées ou du moins pas considérées comme belles, d’avoir un endroit où elles peuvent s’assumer librement.
Les Suicide Girls s’inscrivent donc dans une démarche féministe, en effet, pour les SG, toutes les femmes sont belles à leur manière et ont le droit de montrer leur corps, peu importe à quoi il ressemble.
La page Suicide Girls est aussi un tremplin pour certaines comme par exemple FishBall qui est devenue rappeuse (sous le nom de Bada$$B), et sa notoriété lui vient beaucoup de son appartenance aux SG. Les autres SG lui font de la publicité, elles se soutiennent entre elles. Il s’agit ici d’empowerment. Elles font parfois des photoshoots communs et elles s’entraident à réussir. Elles font même parfois de la publicité aussi pour les hopefulls.