En préambule
Vous connaissiez les mèmes, oui, mais connaissiez vous les shitposts ? Aviez vous pris la pleine mesure de leur valeur artistique, politique et cathartique ? Je vais vous en dire plus.
L’enquête que j’ai menée pour ce MOOC concerne essentiellement les pages Facebook françaises, pour les étudier, j’ai adopté une démarche observante. C’est de mon expérience personnelle que sont issues nombre de mes observations, toutefois enrichies par des articles et des entretiens accordés à différents médias par les administrateurs de ces pages.
Les créations numériques que je vais présenter ici sont liées par plusieurs caractéristiques communes.
-tendance politique de gauche, souvent anti-système
-expression de questions existentielles
-esthétique visuelle et discursive particulière
Ces créations numériques sont appréhendées comme des outils réflexifs sur la société, le monde vécu. Elles ont trois grandes fonctions expressives, elles peuvent :
-exprimer une idée politique
-exprimer un ressenti
-exprimer une idée abstraite
Le même vit au-delà de lui-même. Le même, ou shitpost, a une matière discursive qui s’étend au-delà de son propre contenu. Les commentaires, hashtags et mèmes qui accompagnent ou répondent au même initial, lui ajoutent du sens.
Les nouveaux mèmes et les shitposts sont réflexifs, ils peuvent proposer une réflexion sur leur propre nature. Il s’agit d’une culture qui se parle à elle-même.
Il y a un engagement intellectuel à « consommer » ces créations numériques car elles nécessitent d’en saisir les références culturelles.
Ces contenus sont parfois si chargés de références pointues ou d’idées abstraites qu’ils ne peuvent être compréhensibles en première lecture, ce qui les différencient des mèmes de normies. Il ne s’agit plus d’anecdotes virales portées par des photomontages, ce sont bien des réflexions sur le monde vécu.
Pour encore mieux comprendre, voici l’interview Tracks, pour Arte, des administrateurs des « Memes autoréduits du Shlagistan libre » :
Oui, ça n’est pas très audible.