Il y a 10 ans, dans les villes – urbanisées ou non –, beaucoup de vitrines des quartiers de la mode mettaient en avant Natalia Vodianova, mannequin professionnel, égérie exclusive d’Étam et de Calvin Klein à l’époque. Maintenant devenue une femme trentenaire, la jeune russe a su s’imposer très tôt dans l’univers impitoyable de la mode qui appréciait son talent et son babyface : un visage ayant l’air jeune, tendance lancée par les tops emblématiques (ex: Kate Moss) à partir des années 2000.
10 ans plus tard, ce n’est pas simplement cette prise d’âge que je découvre comme changement chez elle en regardant ses selfies qu’elle publie elle-même sur son compte Instagram : aujourd’hui, visiblement instagrameuse passionnée, suivie par 2.311.171 abonnés du monde entier, @natasupernova publie près de 30 photos par mois en moyenne dont 8 photos professionnelles et 22 photos personnelles en grande partie, ses selfies et sa joie partagée avec sa famille, mais aussi et surtout, sa manière de s’exprimer et de performer la vie d’une top model qui se limitait à une expression « corporelle » et « non discursive » semble être plus autonome et dynamique que jamais. Et l’esthétique de la mode que cette star transpire change de scène : les fans ou non ont désormais l’accès à sa page personnelle digitale, ainsi qu’Instagram, non sur la couverture ou les défilés de Louis Vuitton, Chanel. Ces deux derniers offriraient en effet des techniques et pratiques de représentation de soi complètement différentes. Les produits photographiques et audiovisuels circulés sur Instagram en temps réel ont des stratégies différentes de ceux fabriqués en masse par les grandes entreprises du luxe.
La première question qui me vient à l’esprit et qui devient dès lors le point de vue à partir duquel je pourrais analyser la relation entre l’individualisme expressif des professionnels de la mode et les nouvelles technologies est de savoir comment Instagram devient un défilé digitalisé à l’ère numérique mettant en valeur une nouvelle culture de représentation de soi à travers l’exemple de Natalia Vodianova.
Instagram, nouvelle esthétique de la mode en devenir
Avec la popularisation des réseaux sociaux, les agences de mannequinat recrutent de plus en plus les nouveaux visages parmi la foule via Instagram grâce aux photos postées par les jeunes talents eux-même. Les futurs mannequins de la génération millenium deviennent ainsi, dès le plus jeune âge, maîtres de leur image, être photogénique implique désormais savoir capter l’attention du grand public connecté voire plusieurs million d’abonnés avec un style de vie moderne et mis en valeur par un style de narration qui créent une nouvelle esthétique de la mode particulière, propre à l’écriture d’Instagram.
La voix de la Petite Sirène retrouvée